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mettrai à cheval et vous ferez ainsi chacun un bout du chemin.

Les garçons sautèrent de joie, et en un clin d’œil, Jean se trouva monté à cheval.

« Ah, le petit diable ! » dit grand’mère qui considérait l’attitude hardie du petit Jean. Guillaume fit semblant de ne pas avoir peur ; mais quand la comtesse voulut l’aider à monter, il se mit à rougir jusqu’aux oreilles ; toutefois, Jean commençant à se moquer de lui, il s’enhardit. La comtesse mit aussi Adèle sur son petit poney, mais en marchant à côté d’elle, et à portée de la tenir d’une main ferme. La petite fille en était joyeuse ; mais les garçons la plaisantèrent, alléguant qu’elle avait la façon d’un pantin ou d’un singe ; et qui sait tout ce qu’ils lui auraient encore dit, si grand’mère ne les en eut repris et blâmés ?

Arrivée à la bivoie, la comtesse monta sans aide sur son petit cheval blanc, laissa tomber sa jupe bleue le long de l’étrier, ajusta son petit chapeau noir, fit encore aux enfants un geste d’adieu avec son fouet et quand elle eut dit au cheval et à haute voix : « Avanti ! » il vola comme une flèche avec elle, le long de l’allée.

Grand’mère poursuivit sa route vers la Vieille-Blanchisserie.

Il faisait encore très-beau le lendemain matin : pas un nuage n’obscurcissait l’horizon. Une voiture attendait devant la porte de la maison ; Jean et Guillaume se tenaient debout dans la voiture, vêtus de pantalons blancs, de vestes rouges, et tenant des couronnes en main. Monsieur Proschek allait et venait autour