« Mademoiselle est née en Italie ? Là où sont de nos soldats ? » demanda grand’mère.
« Oui ; seulement ils ne sont pas dans la ville où je suis née, — à Florence. On y tresse de ces beaux chapeaux en paille de riz que vous portez. Les champs y sont de riz et de maïs ; et sur les montagnes croissent des châtaigniers aux fruits doux ainsi que des oliviers ; il y a des bosquets de cyprès et de lauriers, de belles fleurs, et un beau ciel bleu et sans nuages. »
« Ah, je la connais déjà ! » interrompit Barounka, « c’est cette ville que tu as en peinture dans ta chambre ; n’est-ce pas, mademoiselle ! Elle est traversée d’une large rivière, au-dessus de laquelle la ville s’élève encore vers la montagne. Ah ! grand’mère ! Qu’il s’y trouve de belles maisons et de belles églises ! De l’autre côté, ce sont des jardins et des maisonnettes. Auprès d’une de ces jolies maisons, joue une petite fille près de qui est assise une vieille dame. — C’est mademoiselle Hortense avec sa gouvernante. N’est-ce pas, mademoiselle, que tu nous l’as dit, quand nous avons été au château ? »
La demoiselle ne répondit pas tout de suite. Elle était devenue pensive ; ses mains reposèrent sans mouvement sur ses genoux. Après un silence, elle soupira profondément : « Oh bella patria ! O cara amica ! » et ses beaux yeux se mouillèrent.
« Qu’est-ce que tu as dit, mademoiselle Hortense ? » demanda curieusement Adèle, en se serrant contre elle, par manière de caresse.