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dont elles font de petites boules, qu’elles humectent de leur salive, quand elles sont sèches, pour en faire un emploi analogue à celui que nos maçons font des briques. Elles préfèrent de beaucoup bâtir par une pluie très-fine, et quand la terre est humide. »

« Et qui a enseigné tout cela aux petits animaux ? » demanda Guillaume.

« C’est le bon Dieu qui leur a donné cette intelligence instinctive de savoir, dès leur éclosion, comment se nourrir, et par quel moyen se protéger pour leur conservation ; oui, il y a de petits animaux qui trouvent, avec tant d’art et de finesse, tout ce dont ils ont besoin pour leur usage, que leur instinct a quelque ressemblance avec le sens humain. Quand vous fréquenterez l’école et que vous saurez lire, vous en apprendrez beaucoup sur les petits animaux et sur leurs habitudes que j’ai aussi étudiées, » ajouta la comtesse.

Pendant cette conversation, grand’mère revint avec Barounka, rapportant beaucoup de fleurs, d’herbes et de simples qu’elles avaient cueillis dans la prairie. Les enfants racontèrent tout de suite à grand’mère ce que la comtesse leur avait appris sur les fourmis ; et celle-ci demanda à grand’mère dans quel but elle emportait tant de plantes.

« Mademoiselle, c’est du cumin et un peu d’aigremoine. On laisse sécher le cumin, dont le grain, qui sert dans le ménage, entre dans la préparation du pain et des autres aliments ; et la paille sert pour le bain des enfants. L’aigremoine réussit contre les maux de gorge, après qu’on l’a bien lavée. Les gens du pays savent que j’ai toujours des simples, et ils