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rongeaient le sucre pour le transporter, par petites molécules, à leurs magasins, il en manifesta ainsi son étonnement à la comtesse : « Mais dis-moi, mademoiselle, comment les fourmis savent-elles qu’il y a ici quelque chose de bon pour elles ? Dis-moi aussi ce qu’elles font des œufs qu’elles portent et rapportent sans cesse, de dehors en dedans, et de dedans en dehors ? »

« C’est que ces œufs, dit la comtesse, sont comme leurs enfants à elles, et celles qui les portent font l’office de bonnes ou de gardiennes. Quand le soleil brille et qu’il fait bien chaud, elles les sortent des cellules obscures, pour les mettre au soleil, afin qu’ils ne s’en portent que mieux. »

« Et où sont leurs mères ? » demanda Adèle.

« Elles restent au logis, tranquillement occupées à pondre leurs œufs, afin que la race des fourmis ne vienne pas à s’éteindre. Et les pères vont et viennent alentour, comme pour leur raconter quelque chose et les divertir de tout sujet de plainte. Quant à ces autres que vous voyez courir ici, ce sont des ouvrières. »

« Et quel est leur ouvrage ? » demanda Jean.

« Elles apportent à manger, bâtissent, ou réparent les bâtiments, prennent garde aux enfants et nettoient le logis. Quand quelque fourmi meurt, elles l’emportent dehors ; elles prennent garde aux ennemis qui les viendraient surprendre. Que si cela arrive, elles défendent, toutes ensemble, leur communauté contre l’ennemi. C’est à tout cela que doivent suffire les ouvrières. »