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montagnes. De la soupe aigrette et des pommes de terre à déjeuner ; à dîner des pommes de terre et de la soupe aigrette et on le répète encore pour le souper ; le dimanche, un morceau de pain, d’avoir telle est la nourriture du pauvre monde des montagnes des Géants pendant toute l’année ; et ils en remercient le Ciel quand cela ne leur fait pas défaut, car il leur arrive de n’avoir rien à manger. Un peu plus loin dans le pays, on a déjà des pois, de la farine plus blanche, des chaux et différentes choses encore et quelquefois aussi de la viande. Mais un pauvre homme ne s’arrangerait pas des aliments nobles. Toutes ces recherches ne lui donneraient pas assez de force. »

« Tu te trompes ma chère, cette nourriture rend aussi très-fort, et si ce monde là avait chaque jour un morceau de viande, et de bonne boisson, je t’assure, que cela leur donnerait plus de force que toute la nourriture dont ils usent pendant toute la journée. »

« Eh bien ! Nous voyons qu’on a toujours quelque chose à apprendre. J’avais jusqu’ici pensé que des grands seigneurs ne sont si pâles et quelquefois si maigres que parce qu’ils mangent de ces douceurs qui ne leur profitent pas. »

La princesse sourit sans ajouter un seul mot ; mais elle présenta à grand’mère un petit bocale rempli d’un vin doux, en lui disant : « Bois, bonne vieille, cela te fera du bien à l’estomac.

En levant le bocale, grand’mère dit : « À la santé de madame la princesse, » et elle en but un peu ; elle accepta aussi un morceau de pâtisserie, pour ne pas blesser la noble hospitalité.