dans l’herbe. Toi, Barounka, passe la première, et moi, je vais prendre par la main Adèle qui ne sait pas encore prendre garde à son chemin. » C’était grand’mère qui parlait, et pendant qu’Adèle regardait sa robe avec complaisance.
Mais voici que dans le verger on voit sauter la Noire. C’était le nom de la poule d’Adèle, de l’une des quatre que grand’mère avait apportées de son village de Pohor. Elle l’avait rendue familière à venir becqueter son grain à même dans la main des enfants, et quand elle avait pondu, elle courait auprès d’Adèle pour en recevoir un petit morceau de pain blanc que la petite fille lui réservait de son déjeûner ; et c’est pourquoi ce fut Adèle qui cria à cette poule :
« Va-t-en auprès de maman, eh, la Noire ! je t’y ai laissé ton petit morceau ; je vais chez madame la princesse ! » Mais la Noire, comme si elle n’eût pas compris, s’élança sur elle, en faisant mine de vouloir lui donner du bec sur sa belle robe.
« Mais que tu es bête ! Ne vois-tu pas que j’ai une robe blanche ! » Et la poule de ne vouloir point partir, jusqu’à ce que grand’mère lui eût donné un petit coup de son fichu sur les ailes.
Ils passèrent plus loin. Mais attendons encore ! Voici nouvelle encombre qui menace encore la belle robe blanche. Les deux chiens accourus de la côte, entrent dans l’eau de la rigole, se secouent un peu sur l’autre bord, et fondent, en un bond, jusqu’aux pieds de grand’mère :
« C’est donc vous, brigands ! » leur crie-t-elle d’un ton de fâcherie. « Qui est-ce qui demandait après