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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Qu’as tu fait depuis trois ans ? Tu as mené à travers les mondes une vie de jouisseur qui tombe en pâmoison devant un clocher dans le brouillard et débite des compliments « style français » aux filles blanches de partout. C’est très joli, mais c’est trop peu, mon cher ! Je comprends que cette vie te prodigue de bien grandes délices ; ton orgueil de jeune homme trouve dans l’adulation des femmes de quoi faire la roue comme un paon au soleil. Mais puisque tu es si sensible à la flatterie et aux hommages que tu ne les cherches-tu dans la reconnaissance du monde à ta production intellectuelle, à ta valeur morale ? Que ne cherches-tu la notoriété qui, j’en suis certain est accessible à tes efforts ? Crois-moi Jacques, si doux que soit un sourire de femme, il ne vaut pas l’encens de l’admiration des hommes ; les fumées de cet encens sont parfois si enivrantes que le plus vaniteux n’en peut supporter l’ivresse. La gloire est comme toutes choses, une habitude, son premier contact brûle… Mais encore, ce n’est là qu’une question d’à-côté. Jette un coup d’œil en arrière dans l’histoire et vois combien d’êtres cultivés ont laissé des travaux merveilleux. Ils vivent aujourd’hui dans l’esprit