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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

trahissaient un caractère malicieux et vif. Mlle  s’amusait de la vie comme une demoiselle de bonne famille qui n’a jamais manqué de rien et qui ne saurait comprendre que la destinée ne soit pas complaisante. Elle aimait le bruit, l’exubérance et faisait profession de gaité peut-être parce que le rire florissait encore son teint frais de jeune fille, ses joues rouges, pleines, veloutées comme de belles pêches mûries sous les rayons de juillet.

— Voici déjà le soir, dit Marie-Anna en voyant le ciel s’obscurcir à l’horizon. Ne nous éloignons pas davantage ; dans une heure, il fera nuit.

Elles revinrent sur leurs pas vers St-Jacques des Grandes-Piles.

— Pourquoi es-tu venue si tard ? demanda Marie-Anna. Je t’ai attendue si longtemps que je craignais de ne pouvoir profiter du soleil. Je n’éprouve aucun plaisir à me promener seule…

— Pardonne-moi, répondit Jeannette. Je l’ai complètement oublié, le soleil, en étudiant au piano quelques partitions que William m’a envoyées de Boston. Il y a une valse très dansante, deux chansons américaines qui me plaisent beaucoup. Je te les apporterai ; nous les jouerons di-