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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

de sa passion. Quelles joies pouvait réserver l’avenir à cette inclination si Marie-Anna commettait la faiblesse d’y répondre ? Les joies de la famille ?… Impossible ! L’union de deux familles séparées par des centaines de milles ne pourrait s’accomplir, ces deux familles ayant respectivement des affections, des intérêts séparés eux aussi par les mers. Alors ? Alors l’avenir ne laissait prévoir qu’une séparation dans un temps très rapproché des aveux mutuels, c’est-à-dire le déchirement de deux cœurs pleins d’espérance, de jeunesse et de vie.

Très maître de lui-même, Gilbert reprit cet air de gavroche parisien qui le quittait rarement lorsqu’il était seul avec Jacques et vint s’asseoir auprès de l’amoureux encore tremblant et pâle.

— Jacques, fit-il avec une feinte compassion ; n’y a-t-il pas un moyen d’arranger les choses ? Si tu as reçu un coup de soleil sur le cœur, il faut te soigner, mon cher, rester à l’ombre quelque temps.

— Marie-Anna ne m’aime pas ! répondit-il. C’est cela qui me torture ! Je m’enivre de ses yeux, de ses cheveux, de ses mains blanches et quand je cherche à l’entraîner sur un terrain de confiden-