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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

donné la vie, elle tendit l’oreille, cette fois, émue elle aussi, attendrie, reconnaissante.

Jacques, au cours de ses voyages et de ses aventures n’avait jamais rencontré une résistance très obstinée à ses desseins galants. Lorsqu’après une longue attente il vit Marie-Anna lui sourire et le regarder de ses grands yeux noirs si beaux, son cœur chanta victoire, oubliant un peu qu’il était pris lui-même. Il chanta tant et si fort que Marie-Anna en prit peur et crut bon de ramener au calme ce tapageur qui prétendait l’avoir conquise. Jacques vit la jeune fille se retrancher comme autrefois dans sa réserve prudente faite d’amabilités et de froideurs. Son enthousiasme se glaça ; le souvenir d’une minute d’expansion amoureuse lui rendit pourtant courage en lui laissant espérer de semblables moments dans un avenir plus ou moins rapproché, mais ces alternatives d’abattements et d’espoirs le rendirent littéralement esclave de la proie qu’il convoitait. Il était vaincu, à bout de munitions, criant famine de toute la force de ses 24 ans !

Marie-Anna souriait toujours, tranquille, sûre d’elle-même cessant aussitôt de sourire dès que