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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Sans même retourner la tête, il était parti, froid, hautain, amer, se murmurant désenchanté :

— Eh ! Ce n’est que cela, l’amour ?

Et à la première fleur lui barrant la route de ses jolies corolles roses, il s’était encore arrêté, l’avait regardée, conquise, oubliée…

Pourtant un jour vint où la plus belle n’inclina point son front, quêteuse, sous la fixité conquérante de son regard. Ce jour-là, son cœur battit pour la première fois. D’abord piqué d’orgueil comme s’il relevait un défi, Jacques de Villodin, beau garçon et flirteur écouté, tendit ses meilleurs filets ; il exerça une fois de plus la puissance de son charme jusqu’alors infaillible sur cette jolie Canadienne rencontrée un soir d’orage dans la forêt. Hélas, l’intelligent flirteur vit les mailles de son filet détruites aux premiers essais et son charme enjôleur ne lui valut qu’un sourire au fond duquel il n’y avait que de l’indifférence.

Mais lorsque Marie-Anna l’entendit parler avec enthousiasme des beautés de sa terre natale, quand elle eut découvert sous l’apparence du mondain l’artiste ému qui parle à la nature et l’écoute parler, puis remercie Dieu de lui avoir