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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

rées papillotaient sur son front, adoucissant d’une ombre claire l’éclat de deux grands yeux brillants comme des olives noires. Tout ce que le génie du peintre peut mettre d’art délicat et profond sous le dessin de deux arcades fines semblait concentré dans ces yeux pareils à deux foyers de tendresses vives, miroirs d’une âme sereine, limpide, virginale dont la blancheur eut fait penser aux anges. Marie-Anna dédaignait le fard et la poudre de riz ; son teint naturel avait plus de transparence, dans sa chaude pâleur, que bien des visages décorés de savants artifices ; le sang généreux qui coulait dans ses veines empourprait ses lèvres de l’incarnat humide de la santé et veinait d’un bleu rosé ses mains effilées, souples, délicates. On distinguait dans toute sa personne un air de quiétude, le charme des choses reposées ou dormantes. C’était une jeunesse en plein épanouissement, une beauté divine à peine matérialisée par l’ardeur mobile du regard, la forme adroite de la chevelure, la coupe étudiée du vêtement.

Jeannette Manceau, sa campagne, semblait presque une fillette auprès d’elle ; sa démarche, son langage et surtout ses jolis yeux fureteurs