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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

qui cherchent la vérité dans la science voient ce que j’ai vu dans cette heure inoubliable et ils comprendront tout ce qu’il y a de faiblesse humaine dans leurs inquiétudes, tout ce qu’il y a de néant au fond de leurs recherches. Seul, en face du ciel et des horizons infinis, l’homme se voit plus près de Dieu et la prière l’invite. Il trouve même dans le silence qui l’entoure la paix et la sécurité nécessaires aux grands recueillements.

À regret, je me replongeai dans le brouillard et redescendis au village. De retour à l’Hôtel, je constatai que j’avais oublié de cueillir le bouquet de feuillages qui m’avait fait sortir à cette heure matinale.

Oh, cette matinée de la montagne ! Elle restera ineffaçablement gravée dans ma mémoire ! Je me croyais un peu blasé sur les surprises de la nature mais ce que j’ai vu au sommet de la Haute-Pile m’a fait reconnaître cette erreur. Dans aucun autre pays je n’ai été remué jusqu’au fond de l’âme par autant de beautés accumulées !

Villodin s’était arrêté, ému par l’évocation de cette féerie de la nature canadienne, oubliant l’espace d’un instant ceux qui l’entouraient pour