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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

voyais pas le sol au pied du mur de ma chambre. Face à la fenêtre ouverte, je m’étendis sur un fauteuil et fumai ma cigarette du matin, lentement, à petit feu. Il me semblait, en fermant à-demi les yeux être perché dans une habitation aérienne bien au-dessus des hommes et voyager en pleine légende de Bretagne. Cette illusion s’effaça vite. Je pensais alors à ces jolis feuillages aux tons de rouille et d’or bruni que j’avais vus, la veille, sur le flanc de la Haute-Pile. Désireux d’en cueillir un bouquet et de fleurir ma chambre, j’achevai ma toilette et sortis.

Le brouillard était toujours aussi intense. Cependant, je parvins à m’orienter pour gagner le pied de la montagne. Je commençai l’ascension. Je dus faire des efforts inouïs pour franchir les obstacles, des roches glissantes, d’énormes troncs d’arbres abattus par la foudre. J’étais toujours dans la brume.

Environ à mi-hauteur de la montagne, je sortis du brouillard comme un plongeur sortirait de l’eau, brusquement. Je voyais maintenant le sommet de la Haute-Pile d’une façon distincte. Je montai lentement et au fur et à mesure que je m’élevais davantage je me sentais en-