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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

dans leurs descriptions tandis que les souvenirs de voyage demeurent toujours vivaces.

— Si grand que soit votre désir de connaître le monde, répondit Jacques soyez assurée que vous avez ici, au Canada tout ce que la vue et l’esprit peuvent ambitionner de jouissances. Le Canada est un des plus beaux pays de la terre.

— Vous dites cela par courtoisie, fit Jeannette de sa voix enjouée.

— Et pourquoi pas ? répliqua Villodin. Mais la meilleure preuve que le Canada nous a conquis, Gilbert et moi, c’est que nous y prolongeons notre séjour.

Gilbert toussa.

— Veuillez m’écouter, poursuivit Jacques en se tournant ostensiblement vers Marie-Anna. Vous serez convaincus tout-à-l’heure que mon admiration n’a rien de factice… Il y a quelques jours je m’éveillai un peu avant l’aube et malgré les efforts consciencieux de la paresse, je ne pus me rendormir. J’ouvris ma fenêtre en face du fleuve mais je demeurai surpris de ne rien voir ; le St-Maurice, les Laurentides, le village de St-Jean des Piles et son petit bois, tout ce panorama était noyé dans un brouillard épais, insondable. Je ne