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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

mir dans la froideur des solitudes blanches.

L’érable avait jauni. Sur les flancs des Laurentides, les lourds panaches revêtaient leurs parures d’or, de rouille et de bronze. La rosée persistante des nuits, la bruine des aubes, la rafale des soirées orageuses se succédaient pour conserver à cette végétation tardive le miroitement des feuilles ruisselantes parmi les belles vallées que le soleil inondait de ses feux magnifiques, le St-Maurice coulait avec lenteur, tranquille et grand comme une majesté endormie.

Au couchant de ce bel après-midi de septembre, deux jeunes filles suivaient le chemin des Grandes-Piles à La Tuque. Vêtues de blanc, élancées, sveltes toutes deux, elles allaient, se tenant par le bras, babillant à mi-voix, tour-à-tour graves et rieuses ; on eut dit, à les voir ainsi en couple de jeunes grâces à la recherche de quelque retraite propice aux confidences. Elles étaient également jolies, mais leurs beautés formaient un contraste frappant. Marie-Anna Carlier, la plus grande, possédait un ovale de pur style grec qu’accentuait encore une lourde chevelure blonde nouée en nattes en arrière de la tête sur la nuque blanche et dégagée ; quelques mèches do-