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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Bien au contraire, tout en remplissant ses devoirs de maîtresse de céant avec tact, Marie-Anna s’était montrée à l’égard de Jacques d’une réserve polie et prudente. Elle lui avait même laissé entendre très adroitement qu’elle lui refuserait sa confiance s’il adoptait ce système de galanterie spirituelle basé uniquement sur l’éloge à sa beauté. Jacques fut de plus en plus convaincu que Marie-Anna n’était pas une jeune fille quelconque comme tant d’autres qui l’avaient arrêté sur sa route et cette pensée fit naître en lui le souci de l’opinion. Il retraça dans sa mémoire tout ce qu’ils s’étaient dit. Ignorant encore des habitudes de ce pays, il éprouva un subit étonnement mêlé d’inquiétude quand il se souvint que Marie-Anna n’avait pas renouvelé l’invitation en le quittant. Réfléchissant, se mordant un peu le cœur comme font tous les jeunes amoureux au début il crut que l’adieu de la jeune fille avait été froid au moment du départ.

— Voyons ! se dit-il ; que pense-t-elle de moi à présent ? Quelle opinion lui ai-je laissée après nos deux rencontres ? Elle se dit peut-être : « C’est un de ces dandys de salons très ferré sur l’étiquette et l’art de jouer avec les mots. » Et c’est