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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

fois qu’une jeune fille me demande de l’être, répartit galamment le gros garçon.

Sérieux comme un académicien blanchissant sur le dictionnaire, Gilbert prit le crayon qu’elle lui tendait avec l’album. Il jeta un coup d’œil rapide sur les vers qu’avait tracés Villodin puis il écrivit immédiatement au-dessous :

 « Si mes conseils pouvaient suffire
À vous rendre heureuse ici-bas.
Je vous conseillerais de dire :
« Osez !… » à ceux qui n’osent pas »

Marie-Anna lut et rougit, un instant troublée. Elle attendait un simple compliment ou une maxime ; ces vers, suivant ceux de Villodin lui paraissaient écrits avec un peu de désinvolture. Jacques la regardait encore mais l’interrogation visible dans son regard rendit la jeune fille à l’instant maîtresse d’elle-même. Elle s’arma d’un sourire un peu composé et dit :

— Vous jonglez à merveille avec les rimes messieurs les poètes. Si je vous confiais mon album pendant une heure seulement, vous en feriez un chef-d’œuvre.