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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

— Allons, messieurs les compositeurs, tâchez de vous entendre ! fit Marie-Anna gaiement. Nous sommes convaincus que vous y êtes tous deux pour quelque chose.

Jeannette joua encore un fragment d’opéra. Il était tard. Les « Petits Garçons », se disposaient à partir quand Marie-Anna dit à Villodin et à Gilbert :

— Messieurs, avant de vous retirer, permettez-moi une fois encore de mettre vos talents à l’épreuve et vous demander un souvenir de votre première visite.

Elle tendit un album richement relié dans lequel des visiteurs précédents avaient jeté quelques lignes de prose ou de poésie. Cette coutume ancienne et bien française quoique tombée en désuétude est encore très en vogue dans les salons où l’esprit cherche à briller. Elle fait les délices de ceux qui savent écrire avec la pointe fine du crayon et faire descendre sur cette pointe les paroles délicates que les lèvres n’osent pas prononcer. Et quoi de plus tristement comique que le visage d’un malheureux penché sur la page qui attend sa pensée et le soumet à la torture de l’improvisation impossible ? Bien sou-