Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

grès… génie du siècle… triomphe de la mécanique !  !

Autour du narrateur imperturbable les jeunes gens riaient aux larmes ; Jeannette demandait grâce à bout d’hilarité.

— Quel spirituel farceur ! dit Marie-Anna à mi-voix en se tournant vers Villodin. Il me semble que j’aimerais les voyages avec un pareil compagnon de route.

Il la regarda, croyant avoir mal entendu ; mais les yeux de la jeune fille avaient pris une expression si précise quand elle prononça ces paroles qu’il en comprit aussitôt le véritable sens. Marie-Anna était trop intelligente pour exprimer en termes incivils une préférence au détriment d’un jeune homme un peu plus courtois qu’il n’est besoin et Jacques, lui aussi, était trop averti pour ne pas deviner le conseil qu’on lui tendait au bout de la pointe.

Il prit le parti de sourire sans répondre, avec un court hochement de tête qui pouvait signifier :

— Oui, Gilbert est un charmant compagnon.

Quand la gaîté déchaînée par le récit de Gilbert se fut apaisée, Jeannette prit un partition dans un casier à musique, près du piano et après