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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Jamais je n’avais supposé qu’il pût y avoir une autre manière de supporter cette délicate opération… En entrant chez le barbier de Vancouver, j’aperçus des chaises mécaniques munies de bielles, d’engrenages, de ressorts et naturellement, je crus m’être trompé de porte, être entré chez un chirurgien ou chez un dentiste. J’allais m’excuser et me retirer quand le geste engageant d’un joli blond me fit asseoir. Intimidé, je m’installai sur l’une de ces chaises à combinaisons et attendis ; le joli blond s’approcha, se pencha, pesa sur l’une des pièces de la mécanique et sans s’occuper de mon épouvante, me renversa brusquement sur le dos ! Terrorisé par ce jeu de bascule que je n’avais jamais vu chez les coiffeurs, je pensai cette fois être tombé dans un antre de brigands où l’on allait me faire subir les derniers raffinements de la torture ! J’appelai à mon secours tout ce qui me restait de force pour sortir de cette chaise infernale ; peine perdue, j’étais immobilisé ! Anéanti par une angoisse folle je recommandai mon âme à St-Gilbert mon patron, donnai une dernière pensée à ma patrie normande si lointaine et me résignai à endurer stoïquement mon supplice. La terri-