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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

diennes me paraissent cuirassées contre le flirt avec une étoffe de vertu inconnue dans les vieux pays. Voici le jour venu où tu vas pouvoir disposer tes batteries pour le siège des places fortes, déjouer les feintes de l’ennemi, le forcer dans ses retranchements et comme un galant chevalier de jadis, mettre un genou à terre pour recevoir les clefs de la place. Puisque nous voyageons pour faire des études, étudie, Jacques ; fais-toi étudiant d’amour dans les pages du cœur des Canadiennes, s’exclama Gilbert avec des yeux blancs et des modulations dans la voix… Mais je te préviens, continua-t-il gravement, ce cœur-là m’a tout l’air d’un beau livre fermé ; si constants que soient tes efforts, tu n’en verras jamais que la couverture !

Jacques était habitué aux divagations ironiques de Gilbert. La tête et les pieds sur les coussins du sofa, sa cigarette pincée entre les lèvres, il l’écoutait en souriant.

Il envoya une bouffée de fumée devant ses yeux et répondit sans regarder son interlocuteur :

— Mon cher, tu n’entends rien à ces sortes de choses ; je te l’ai déjà dit. Tu n’as jamais eu d’amour que pour tes crayons, les pinceaux en poils