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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

menacée par une main homicide. Et si maintenant il passait ses nuits au chevet de Jacques et hâtait sa guérison, c’est qu’il y était poussé par un sentiment admiratif et aussi parce que, honnête homme avant tout, il ne voulait pas profiter de l’anéantissement de son rival pour lui disputer encore la jeune fille qu’ils aimaient tous deux et enfin parce qu’il avait hâte de voir Villodin debout pour lui tendre la main et lui dire : « Désormais, quoi qu’il arrive, soyons amis ! »

Villodin le reconnut au cours d’une nuit. Il eut un sursaut violent de tout le corps, ses yeux brillèrent comme de la braise ardente, il essaya de lever le bras comme pour frapper. Une affreuse grimace de douleur contracta son visage. Vaincu par la souffrance, il retomba lourdement sur sa couche. Henri était aux abois :

— Ne bougez pas, supplia-t-il. C’est un ami qui vous soigne !

La semaine suivante, durant une autre nuit, Villodin aperçut encore le jeune médecin penché sur lui. Il venait de glisser une potion calmante entre ses lèvres et le bien-être qu’il en ressentit lui fit ouvrir les yeux. Mais cette fois il sourit et chercha la main de son ancien ennemi.