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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Mais réponds donc ! rugit sourdement Villodin prêt à lui sauter à la gorge.

— C’est maintenant une querelle de charretiers que vous voulez, monsieur le gentilhomme ? demanda Henri narquois. Vous dérogez à votre noblesse…

Un sifflet de locomotive lança dans l’air son strident appel. Le train touchait à la gare.

Henri ne fit qu’un bond. Le corps plié en deux, il fonça tête baissée sur son ennemi qui n’eut que le temps de s’écarter d’un pas pour éviter un choc formidable.

Villodin exaspéré le vit se perdre tout courant vers la gare.

Cette nuit-là, la mélodieuse romance du Roi et de la Bergère fut encore sifflée comme un appel d’amour sous la fenêtre de Marie-Anna, mais cette fois, la sérénade n’alla pas bercer les rêves d’une belle endormie. Marie-Anna angoissée, prostrée dans la prière implorait encore la protection divine sur ses deux jeunes amants quand le sifflement léger de Jacques interrompit ses lamentations. Elle se leva, courut à la fenêtre puis s’arrêta, du désespoir plein les yeux :

— Mon Dieu, donnez-moi la force de ne pas