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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

sont l’apanage des vieilles familles chrétiennes appartenant à l’aristocratie française, la religion de l’honneur, la droiture, la simplicité. L’amour propre avait suffi, en face des tentations pour lui tenir l’âme sans tache.

Dans le monde des vieilles dames vénérables, on disait de lui : « C’est un garçon très bien. » Ailleurs, dans l’angle des paravents, les jeunes filles chuchotaient en se mordillant les lèvres : « Quel flirt, ma chère ! » Et d’autres plus hardies : « Il me plairait fort qu’il me parle du tendre ! »

Des propos de ce genre arrivaient parfois jusqu’à lui, soit qu’on n’eut pris garde à la finesse de ses sens, soit qu’on l’eut fait avec intention mais comme il possédait la parfaite maîtrise de ses désirs et de sa volonté, ces sortes d’attaques ne le troublaient en aucune façon. Il avait le goût des entreprises difficiles et en matière d’amour le cœur le plus fortifié, le plus imprenable était toujours celui qu’il s’acharnait à prendre. En dépit de son âge, de ses voyages et d’une sensibilité très développée, Jacques n’avait encore traversé aucune passion sérieuse, mais en revanche avec son indéfectible manie de plaire, ses façons de page enjôleur, sa physionomie agréable, il avait en-