Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Marie-Anna souriait toujours.

— Il y a un accident terrible ! reprit Rose qui semblait lire sur les cartes comme dans un livre. C’est désolant, continua-t-elle, vous avez les plus mauvaises cartes du jeu !

— Quand je le disais ! s’écria Jeannette ; quand je le disais que tout le bonheur était pour moi !

Marie-Anna leva les yeux vers Henri qui, penché sur son épaule, semblait nerveux. Ce genre de divertissement le rendait maussade.

Rose continuait :

— Je vois un accident, une maladie, du sang, un gros chagrin…

— Du sang ? fit Marie-Anna qui n’avait pas encore interrompu la sombre prophétesse.

Marie-Anna n’était pas superstitieuse ; elle n’avait qu’une foi profonde, celle de sa religion. Mais en dépit de son incrédulité à toutes les sornettes dangereuses de la cartomancie, elle ne put se défendre d’une certaine émotion en écoutant les prédictions sinistres de Rose Bertelin.

Les coïncidences du hasard des cartes la ramenèrent au souvenir de Jacques. Elle eut le cœur étreint par le pressentiment d’un retour à l’ancienne vie de tourments, à ses luttes épui-