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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Sans vergogne, Jacques de Villodin suivait William et Jeannette. La jeune fille entra dans une maison de bourgeoise apparence et Jacques, indécis regarda William s’éloigner :

— À quoi bon suivre celui-là ? pensait-il.

Un instant après, il murmura en suivant toujours William des yeux :

— C’est dommage, vraiment, que ce ne soit pas plutôt monsieur Chesnaye. Pour quelques millions d’années d’enfer, comme il dit, je m’offrirais le plaisir de refaire un brin de causerie avec lui !

Ce soir-là, Marie-Anna se sentit très lasse. Bientôt sous les rideaux blancs qui abritaient son repos, le sommeil la gagna ; elle ferma les yeux et s’abandonna aux rêves. Plongée d’abord dans une inconsciente somnolence, elle entendit un sifflement léger et mélodieux. C’était l’air au Roi et de la Bergère, la romance des jours heureux de St-Jacques des Piles ; c’était le passé si doux qui chantait dans son cœur ; c’était l’amour qui berçait son sommeil.

En bas, sous la fenêtre Jacques servait à sa belle endormie, une première sérénade ; mais la fenêtre ne s’ouvrit pas…