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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

sa voix vint frapper son oreille, il se rappela le jour béni de l’année précédente quand Marie-Anna et lui s’étaient fait mutuellement l’aveu de leur amour.

William et Jeannette quittèrent leur amie devant la maison de Rose Bertelin. Ils redescendirent la rue en croisant Jacques qui par prudence, marchait en traînant la jambe. Villodin essaya vainement d’attirer l’attention de Marie-Anna sans être remarqué de William et de Jeannette mais ceux-ci ne quittèrent le perron qu’au moment où la porte se refermait.

Jacques nota le lieu et le numéro de la rue puis se mit sur la piste de Jeannette pensant que l’adresse de cette dernière pourrait lui être utile.

À quelles singulières besognes entraîne l’amour parfois ! Si l’on avait dit un jour au vicomte de Villodin qu’il espionnerait les faits et gestes de deux jeunes filles pour satisfaire une curiosité, il eût haussé les épaules sans daigner se fâcher. Pour les besoins de sa cause, l’amour se fait lâche et fripon ; quand il a fait une victime il la charge de ces jolis attributs et cela si naturellement que la malheureuse victime ne s’aperçoit pas même qu’elle est affligée de nouveaux défauts.