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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

jeune fille trouverait bien un moyen de lui parler quand elle connaîtrait sa présence à Shawinigan. Aussi laissait-il passer le temps sans trop souffrir, chaque jour un peu plus amoureux de Marie-Anna, un peu moins jaloux d’Henri Chesnaye.

Pourtant il se lassa d’attendre en vain et de prendre racine à tous les coins de rue. Il pensait tenter de nouvelles recherches en plein jour quand un soir, vers neuf heures, il aperçut enfin Marie-Anna. Elle était accompagnée de Jeannette et de William. Ils revenaient tous trois d’une promenade au bord du St-Maurice et montaient la rue vers l’église.

Méconnaissable avec sa tête rasée et ses vêtements d’homme d’équipe, Villodin put suivre le petit groupe et l’approcher d’assez près sans crainte d’être reconnu. Le cœur lui battit quand il entendit la voix de Marie-Anna ; il ne put distinguer ses paroles. Il s’enivra seulement le regard de sa taille svelte et de sa démarche élégante. L’imagination, surchauffée par une longue privation lui rendit encore une image fidèle de cette beauté admirable de jeune fille avec ses grands yeux noirs si tendres, sa chevelure de déesse grecque et quand la musique de