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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

canadienne auprès de laquelle il passait ses journées.

Sur le chantier du tunnel, Jacques revit le contremaître qui l’avait accompagné lors de son entrée à la compagnie. Travaillant ensemble sur le chantier extérieur ils se rencontraient à chaque instant ; la sympathie se communiqua vite entre eux. Le contremaître était un homme assez cultivé malgré sa condition pauvre ; il parlait le français et l’anglais couramment comme presque tous les Canadiens et avait pris au cours de plusieurs voyages dans les deux Amériques des connaissances étendues dont son langage se ressentait.

Pendant l’heure de repos qu’ils prenaient au milieu de la journée les deux hommes restaient ensemble volontiers, causant de voyages et d’aventures. Quelquefois, ils s’en allaient au bord de la cataracte et s’asseyaient à l’ombre de quelques érables, les pieds pendants au-dessus du gouffre.

— Avez-vous remarqué, Villon, lui dit-il un jour, ce contraste qui existe entre le mouvement vertigineux des chutes et l’air endormi du fleuve quelques verges plus haut ?… De cette place où