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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

barbiche qui est dans leur pays le plus bel ornement du menton.

Les travaux n’étaient commencés que depuis quelques semaines et la compagnie renforçait sans cesse les équipes. Les engagements se contractaient dans le bureau de l’ingénieur en chef, maisonnette élevée provisoirement à l’entrée du chantier extérieur.

Un matin, un jeune homme se présenta et offrit ses services comme surveillant. L’ingénieur, qui le reçut leva vers lui un regard scrutateur et parut satisfait de son rapide examen.

— Parlez-vous l’anglais ? demanda-t-il.

— Je parle cinq langues, répondit le jeune homme ; le français, l’anglais, l’italien, l’espagnol et l’esperanto.

— Les trois premières suffiront, fit l’ingénieur en souriant. Nous n’avons ici qu’un Espagnol qui, comme vous est polyglotte, quant à l’esperanto, c’est une plante rare qui ne pousse pas à Shawinigan… Votre nom, monsieur ?

— Jean, Villon, français, 24 ans.

— Quel salaire demandez-vous ?

— Le salaire ordinaire des surveillants, répon-