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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

mence plus ! finit-il en souriant tristement, car cette fois,… je ne reviendrais jamais…

Marie-Anna tressaillit.

— Je ne comprends pas ce que tu veux dire ! avoua-t-elle véritablement surprise.

— Écoute, Marie-Anna, fit Henri à mi voix, avec l’accent des confidences lourdes ; pardonne-moi de te rappeler une heure sombre de l’hiver passé… Quand je t’eus quittée pour la dernière fois, j’étais fou ! Je ne sais ce qui se passa en moi, mais je souffris tant que la mort m’apparut comme une délivrance ! Je me précipitai vers elle, comme vers la fin d’une torture ! J’étais dans un tel état d’inconscience que j’allai me jeter tête baissée sous un engin stationnant près de la gare des Piles. J’avais cru que cet engin était en marche et qu’il allait m’écraser !… J’en fus quitte pour une profonde blessure à la tête dont mon père me guérit… Comprends-tu, Marie-Anna, pourquoi je te dis de ne plus recommencer ?…

Marie-Anna en fut secouée de terreur. Elle savait qu’il disait vrai ; Henri ne mentait jamais. D’ailleurs le bruit de cet accident était arrivé jusqu’à elle sans que personne parlât d’une ten-