— Tu m’as donc pardonné, Marie-Anna, de t’avoir fait de la peine un jour ? demanda-t-il avec douceur.
— Ne parlons pas de ce qui passe, répondit-elle. Qu’importent les regrets puisqu’on ne vit qu’une fois sur terre. Je t’ai rappelé, Henri parce que ton amitié me manquait, j’étais seule, malheureuse et souffrante ; j’avais besoin de sentir près de moi quelqu’un qui m’aime et je t’ai écrit. Ne me quitte plus, Henri !…
« Ne me quitte plus ! » Oh que ce cri eût été touchant s’il avait été sincère ! Henri le prit comme tel et fut heureux. Hélas, si le pauvre garçon avait pu lire dans la pensée de Marie-Anna, il eût été sans doute, quelque peu refroidi. « Ne me quitte plus » cela signifiait : « Je ne dois plus aimer Jacques mais si je le revois, s’il me parle, je ne réponds pas de moi ! Il y a trop longtemps que je lutte ! Je suis à bout de forces… Ne me quitte plus, Henri ! »
— Que tu es bonne, Marie-Anna, reprit-il de sa voix grave. Tu n’as été cruelle envers moi que pour me faire mieux goûter tout ce qu’il y a de délicieux dans ta tendresse. Je ne t’en veux pas à présent, mais je t’en prie, ne recom-