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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Henri avait refusé le duel, obéissant à ses sentiments de bon chrétien ; mais il n’ignorait pas qu’il avait affaire à forte partie, que Villodin ne se résignerait pas à abandonner la lutte sans porter de nouveaux coups à son adversaire et que par conséquent, c’était un duel moral qui commençait et au cours duquel les combattants se frapperaient sans se voir. Henri s’assurait la meilleure position en éloignant Marie-Anna et en conservant pour lui seul le secret du lieu de sa retraite. Cette première manœuvre privait Villodin de son appui le plus sûr dans le voisinage de la jeune fille et la patience pourrait seule lui rendre le terrain perdu.

Marie-Anna déjà bouleversée, incapable de se gouverner elle-même se sentit subjuguée. Machinalement, elle fut prête à lui obéir. D’autre part, sa conscience lui ordonnait toujours de sacrifier son amour pour Jacques à l’affection maternelle. Le sacrifice était déjà en partie consommé ; le retour de Jacques ne faisait que le rendre plus douloureux, sans empêcher son accomplissement.