— Qu’as-tu fait ? interrogea-t-elle d’une voix
tremblante en se tenant éloignée.
Très agité lui-même, Henri ne comprit pas le monstrueux soupçon qui pesait sur lui. Il dit précipitamment :
— Marie-Anna, il faut que tu quittes les Piles sans retard. C’est le seul moyen, je crois, de renvoyer M. de Villodin en France…
Les joues de Marie-Anna se colorèrent un peu et un soupir s’échappa de son sein oppressé.
— Je lui ai parlé, hier soir continua Henri, et je n’ai pu lui faire entendre raison. Quand il verra que tu le fuis, il comprendra peut-être qu’il a eu tort de revenir. Va t’habiller et pars…
— Mais, mon Dieu, où aller ?…
— Va retrouver Jeannette à Shawinigan ; William m’a dit qu’elle t’avait écrit en te priant de venir passer quelques jours aux chutes chez Mlle Bertelin. L’occasion vient à point.
— Et maman ?…
— Apprends-lui les raisons de ton départ et dis-lui que je t’accompagne.
Il parlait d’une voix autoritaire, comme s’il avait déjà des droits sur elle. Cette conduite, un peu hardie, à la vérité était très adroite.