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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

homme jeune, brillant, plein d’avenir et un homme qui aime avec toutes les séductions, tous les avantages qu’une femme sérieuse peut désirer à son foyer.

Déjà, Villodin attendait une provocation d’Henri. Dans un silence pesant où l’on sentait gronder l’orage de trois âmes, obéissant à une même impulsion machinale, ils se dirigèrent vers la demeure de Marie-Anna.

De nouvelles transes l’assaillirent. Il fallait à tout prix les séparer, les empêcher de rester ensemble. Dans la débâcle de sa volonté, le sang-froid l’abandonnait ; elle n’y voyait plus en elle-même. Durant le court trajet de l’église à la maison, ils n’échangèrent pas une parole. Devant, le perron elle demanda d’une voix qui trahissait son affolement :

— Entrez-vous ?

Ils se regardèrent. Villodin secoua silencieusement la tête. Henri parut hésiter puis prononça comme à-regret :

— Je reviendrai demain, Marie-Anna.

Les yeux de la malheureuse portèrent de l’un à l’autre des regards suppliants. Elle fut sur le point de dire quelque chose mais elle ne put