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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

et Virginie fuyant l’orage à l’abri d’une feuille géante. Très jolie, cette idée !

Il faut croire que ces sages demoiselles ne partageaient pas le goût de Gilbert pour les copies de Paul et Virginie et pour l’esprit ingénieux de son compagnon ; elles furent un moment sans répondre. Jacques de Villodin portait de l’une à l’autre des regards surpris attribuant l’échec de son offre à un reste de méfiance. La comparaison qu’avait évoquée Gilbert leur semblait peut-être un peu « osée » se trouvant ainsi en plein bois livrées par les circonstances à la courtoisie de deux jeunes étrangers qu’elles voyaient pour la première fois. Un incident nouveau leur évita un refus d’autant plus difficile qu’il n’eut été motivé par rien de plausible dans la situation de plus en plus critique où elles se trouvaient. On entendit un bruit de pas sur le chemin ; à la lueur d’un éclair un petit vieillard passa, abrité sous un immense parapluie de campagne. Sous son bras, il tenait deux autres parapluies de moindres dimensions.

— Sauvées, Marie-Anna, nous sommes sauvées ! s’écria Jeannette. L’oncle Labarte vient à nous avec des parapluies.