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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

trop lourde et la vue trop limitée pour soigner les âmes. Mais dans le sanctuaire où Dieu tend les bras aux malheureux, Marie-Anna se réfugiait chaque soir, sûre de trouver le remède à son mal ; l’ineffable joie dont elle sentait son cœur inondé lui faisait connaître que ses prières étaient entendues. Régénérée par la résignation, elle s’avouait qu’elle était encore heureuse puisqu’elle possédait la foi, puisque Dieu voyait ses larmes et l’aidait à souffrir, puisqu’elle était toujours choyée par la meilleure des mères et qu’une charmante petite amie l’engageait à rire quelquefois.

Jeannette la venait voir et la contraignait à de longues promenades sur le chemin de La Tuque ; les effluves vivifiantes des bois purifiaient l’atmosphère ; Marie-Anna se laissait conduire éprouvant de l’attendrissement dans ces lieux aimés qui gardaient les bribes d’un grand amour. Elle suivait ce chemin où Jacques de Villodin lui avait parlé pour la première fois, un soir d’orage ; il lui semblait que les branches se penchaient pour la revoir, effleurant son cœur de leurs feuilles automnales, le réchauffant de leur