Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

te en croisant les bras, je jetterais ce petit monsieur à la porte de chez moi !

— Jacques, qu’as-tu fait ? demanda la comtesse avec angoisse.

— Rien, ma mère ! répondit le jeune homme encore tout tremblant. Rien, car tout reste à faire. Je me disposais à aller vous saluer en sortant d’ici. Je pars ce soir pour le Canada.

— Encore une fois, je te le défends ! cria le comte exaspéré.

Jacques sentit des larmes de rage affluer à ses yeux. Mais pliant encore l’inflexion de sa voix sous la contrainte du respect, il prononça précipitamment :

— Mon père, je sais tout ce que je dois à votre affection ; mais permettez-moi de trouver excessif que l’éternelle question des préjugés de naissance l’emporte en vous sur le véritable sentiment que doit vous inspirer ma conduite. Cette jeune fille que j’aime a plus de noblesse dans le bout des doigts que les marquises enfarinées de Paris en ont dans toute leur personne. Quant à sa fortune, je ne m’en suis jamais soucié et ne veux pas m’abaisser à des considérations sembla-