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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

désormais à courir les mers et les continents. N’insiste pas, te dis-je ! Ton insistance me blesse, je la considère comme un manque de confiance et d’égards. Ton avenir est mieux placé entre mes mains qu’entre les tiennes ; si je te laissais faire avec les idées que je te devine, tu commettrais quelque folie et peut-être qu’un jour tu viendrais me reprocher de n’avoir pas usé de mon autorité aujourd’hui. N’attends pas de moi un congé qui t’ouvrirait une existence aventureuse dont tu n’entrevois pas l’issue.

Jacques était au supplice et sentait bouillonner en lui-même une impatience voisine de la colère. Les paroles du comte tombaient sur lui comme du plomb fondu, mais n’entendant que la voix de son désespoir, il demeurait immobile, obstiné, le front barré d’entêtement, attendant dans une pose respectueuse que le comte lui rendit la parole.

— Je sais, continua celui-ci, que tu as une petite intrigue au Canada. Ta mère m’en a parlé, mais je n’y ai attaché aucune importance. C’est une aberration qui saute aux yeux ! Pour quelle raison, aussi bien ne te laisserais-je pas retourner en Chine, en Siam ou en Perse pour satisfai-