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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

— Entrez ! répondit la grosse voix du comte.

Jacques vit son père assis devant un grand bureau et compulsant de nombreux papiers. Le châtelain venait de recevoir ses fermiers pour des règlements de semestres. Il paraissait très absorbé.

Il se tourna à-demi sur son fauteuil, ôta de son nez son binocle cerclé d’or et vit son fils qui s’inclinait dans la pénombre d’une portière.

— Que veux-tu, Jacques ? demanda le comte.

Le jeune homme fit un pas mais aussitôt le comte s’exclama :

— Grand Dieu, d’où sors-tu, mon ami ?

Jacques demeura interdit, ne comprenant pas cette question provoquée par le tatouage de poussière grise qui le défigurait.

Il balbutia :

— Mon père, je viens vous demander un congé.

Rappelé au sujet de la visite de son fils par le ton singulier de sa voix, le comte fronça légèrement les sourcils ; un sourire équivoque retroussa ses grosses lèvres. Il avait, déjà compris.

— Un congé ?… Très volontiers, mon fils, répondit-il.

Mais il insinua aussitôt :

— Il est bien entendu que tu ne vas pas plus