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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

d’une dernière lâcheté, s’avouant avec une triste complaisance qu’il ne se sentait plus ni orgueil, ni ambition, ni désirs et que son cœur était vide. Tout-à-coup il tressaillit ; ses yeux s’animèrent, il se leva d’un bond, fit deux pas vers la porte, s’arrêta… Des paroles incohérentes s’échappèrent de ses lèvres. Il se dirigea de nouveau vers la porte mais ayant aperçu son visage dans une glace voisine, il saisit au hasard de la main un coussin de velours sur le fauteuil le plus proche et d’un geste rapide épongea ses yeux gonflés, ses joues humides de pleurs ; il y avait un peu de poussière sur le coussin ; ses larmes la détrempèrent et son visage fut marbré de quelques taches grisâtres qui le rendirent presque méconnaissable. Il ne s’en aperçut pas. Emporté par une résolution désespérée, il sortit et franchit la distance qui séparait le castel du château.

Il monta droit à la bibliothèque où d’ordinaire le comte se tenait. Devant la porte il s’arrêta, le doigt prêt à frapper, en proie à une dernière hésitation. Il passa la main sur ses yeux comme un homme qui ne veut pas voir le gouffre dans lequel il va se jeter.

Enfin résolu, il frappa.