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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

sillons. La pâleur de Jacques s’accentuait encore à la lueur indécise d’une grosse lampe de bronze surmontée d’un abat-jour en cristal vert. La même lumière jetait sa note verdâtre sur la cheminée de marbre, sur les fauteuils de velours beige, sur le lit Louis XIII à torsades de chêne avec son édredon recouvert de riches dentelles en point d’Alençon. La comtesse eut un regard circulaire sur toutes les choses de cette chambre où elle n’était venue depuis longtemps et où quelques vingt ans plus tôt Jacques et Marguerite étaient nés.

— Qu’as-tu, Jacques ? demanda-t-elle affectueusement après avoir fait asseoir son fils auprès d’elle.

Jacques égrena longuement un véritable chapelet de confidences dont chaque grain représentait un espoir. Il insista en disant que l’affection de sa sœur et le respect dû à ses parents avaient seuls, pu l’obliger à quitter Marie-Anna. D’une voix qui se faisait suppliante il demanda à la comtesse si elle consentirait à le laisser repartir pour se rattacher cet amour qu’il voyait perdu et dont les tourments empoisonnaient sa vie.

Elle ne l’avait pas interrompu une seule fois.