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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

dans les passions ne peut connaître les plus puissants effets de la prière. Dans ces jours où la vie semble un fardeau écrasant, où les yeux fixés sur l’horreur de tous les gouffres de l’imagination ne voient plus le soleil, les oiseaux, les fleurs, la verdure reposante des feuillages, il est encore à l’horizon une lumière indestructible et vive qui répand sa chaleur sous une voûte sans nuages, dans une atmosphère sans bourrasque, un aimant enchanté qui attire le naufragé, une voix douce qui lui dit : « Tu n’as qu’un pas à faire pour être sauvé ; viens à moi !… »

C’est la prière.

Quiconque se réfugie en elle sent descendre en son âme, le calme, l’assurance, la force en face des tentations, des passions et du malheur. C’est un charme qui remet en ordre les consciences les plus bouleversées et les maintient dans la règle des vraies, des grandes félicités. Et si parfois l’impatience de l’imprévu, l’amour de l’irrégulier, les illusions et les désirs réenvahissent le terrain perdu, la prière s’offre encore, s’impose, tyrannise même et combat le mal envahisseur. Heureuse tyrannie dont l’esclavage est la plus belle des libertés !