maintenant le petit drame intime entre Marie-Anna et Henri, le peu d’enthousiasme avec lequel la jeune fille venait d’entendre la demande en mariage.
Ne voulant pas l’attrister et lui faire violence de nouvelles contraintes, Madame Carlier n’insista pas au sujet d’Henri. Cependant un point restait obscur et l’obsédait.
— Écoute, mon enfant, dit-elle avec bonté, tu sais combien je t’aime ? Je ne te gronderai pas pour m’avoir caché tes sentiments mais je dois te dire que cet amour ne me paraît pas réalisable. M. de Villodin est en France et ne reviendra jamais au Canada. Qu’espères-tu ?
— Il reviendra ! répondit Marie-Anna d’une voix assurée ; il m’a promis de revenir dès que ses parents y consentiront, il y a trop peu de temps qu’il est auprès d’eux ; il ne peut encore les quitter, mais il reviendra, j’en suis sûre… il m’aime !…
Marie-Anna devenait nerveuse en parlant de Jacques. Une sorte de joie négative remplissait son cœur et elle éprouvait un besoin irrésistible de rire, de parler de lui, de tout dire… mais madame Carlier se leva :