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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

nouement en descendant au salon. Elle rejeta l’idée d’une petite querelle d’amoureux qu’elle avait supposée tout d’abord. Elle revit Henri se heurtant au chambranle des portes, en cherchant la sortie, abandonnant Marie-Anna sans apparence de vie sur le tapis du salon. Cette fois les choses se présentèrent à l’esprit de Madame Carlier dans toute leur gravité. Elle vit l’heure venue de savoir exactement ce qui s’était passé et… elle espéra encore.

— Voyons, Marie-Anna, dit-elle. Tu as un secret ?

Marie-Anna pensait à Jacques.

Elle fit un grand effort pour vaincre ses scrupules et avoua toute rougissante.

— C’est vrai, maman, j’ai un secret ; et j’en suis assez malheureuse pour mériter votre pardon… Ce n’est pas Henri Chesnaye que j’aime, c’est Jacques de Villodin !

Ce fut le coup de vent. Le dernier espoir de Madame Carlier venait de s’envoler.

Marie-Anna la laissa revenir de sa surprise et attendit. Elle connaissait bien le cœur de sa mère. Celle-ci d’abord stupéfiée par l’aveu vit peu-à-peu l’énigme s’éclaircir. Elle comprenait