le ne savait plus que dire devant l’air durci de sa fille.
Pourtant, elle demanda :
— Henri t’aime bien, n’est-ce pas ? C’est un gentil garçon, plein d’avenir, vertueux, intelligent ; il te mérite…
— Je ne conteste pas ses qualités, fit Marie-Anna. Mais croyez-moi, maman, je n’ai jamais songé même un instant qu’il puisse être mon mari.
Madame Carlier soupçonna un parti-pris.
— Et pourquoi ? dit-elle vivement. Pourquoi Henri moins qu’un autre ?
— Parce que je ne l’aime pas !
Le visage de la veuve se rembrunit.
Marie-Anna la prit affectueusement par le cou et lui dit :
— Je vous fais de la peine, maman ?
— Mais ma pauvre enfant, ce n’est pas de moi qu’il s’agit ! s’écria la mère. C’est de ton bonheur !
Elles restèrent un instant, toutes deux silencieuses. Madame Carlier se rappela soudain la scène du dimanche entre Henri et sa fille, cette scène singulière dont elle avait surpris le dé-