— Marie-Anna, lui dit-elle à mi-voix, j’ai une demande à te présenter.
— Vous, maman ? fit-elle étonnée.
— Je ne suis qu’une intermédiaire. C’est au nom du docteur Chesnaye qui est venu cet après-midi… Il m’a demandé ta main pour Henri.
Madame Carlier regardait sa fille épiant sur son visage l’heureux effet de la surprise. Marie-Anna eut un long soupir et pencha la tête sans répondre.
— Eh bien, Marie-Anna ! fit la mère déjà anxieuse… Tu ne dis rien ?…
— Je ne m’attendais pas à cette demande, répliqua-t-elle faiblement.
— Mais tu parais mécontente !… Qu’y a-t-il ? Ne m’as-tu pas comprise ?
— Je vous ai bien comprise, maman, mais…
— Mais ?…
Elle se taisait encore.
Elle pensait à Jacques à ce moment, et elle rougit de se voir obligée d’avouer enfin cet amour pour échapper aux contraintes de l’autre. Sa mère semblait sur les charbons ; la pauvre femme avait tant compté sur une explosion de joie qu’el-