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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Elle n’osa entretenir Jacques de ses chagrins récents. Elle apprit qu’Henri Chesnaye n’était pas à Québec ; on ne le voyait plus à l’Université. Georges, son ami le plus intime, inquiet, se rendit chez son père, le docteur Chesnaye, à Lévis et là enfin il trouva Henri étendu sur sa couche, immobile et pâle, la tête entourée de bandages, ayant à peine la force de parler. Le père d’Henri exigea que l’entretien ne dure pas plus de dix minutes, disant son fils gravement malade et incapable de supporter la plus légère fatigue. Georges put comprendre, à travers mille réticences qu’Henri avait été victime d’un accident et d’une indisposition causée par le froid lors de son dernier voyage aux Piles.

Marie-Anna connut ces tristes événements. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle comprit vraiment combien elle avait été cruelle envers ce bon compagnon de sa jeunesse qui n’était coupable, en somme, que de l’aimer trop et qui maintenant payait par des heures de souffrances la hardiesse d’un aveu.

Un jour que Marie-Anna seule dans le salon touchait au piano l’air du « Roi et de la Bergère », de Villodin, on sonna,