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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

St-Maurice. Sous l’influence d’une paix relative succédant à l’affolement, elle se reprit à songer, à attendre, à espérer, enfin à se retremper dans la réalité de sa vie. Elle ressentit un soulagement quelque peu mêlé de remords en pensant à Henri mais tout en déplorant l’amitié perdue, elle n’éprouva nul regret d’avoir parlé, d’avoir repoussé un amour qu’elle ne partageait pas.

— Il en reviendra, crois-moi ; lui avait répété Jeannette en venant la voir.

Elle se le disait à elle-même pour avoir une excuse à sa dureté ou tout au moins une explication qui puisse laisser sa conscience en repos quant à cette triste fin de vieille et sincère camaraderie. Seule, la brûlure constante des scrupules entretint ses ennuis. Sa mère ne l’avait pas encore interrogée ; et pourtant rien n’était plus étrange que la fin de cette scène surprise par la veuve au moment où Henri, jeune homme timide, intelligent et distingué s’enfuyait devant elle comme un dément.

La mère et la fille attendaient l’une et l’autre que chacune d’elle parlât la première. Peinée de la réserve de Marie-Anna mais rassurée quant à sa santé un moment compromise, Madame Car-